L’avenir ? Une question de crédit…

imprimante_thermiqueDans le premier semestre de 1980, je vais travailler dans diverses boites dans des missions d’intérim. J’essaie toujours de trouver des boulots soit dans l’électronique pour acquérir une expérience, soit dans la photo qui me passionne toujours malgré un déficit de matériel de prise de vue.

D’ailleurs, vers le mois d’Avril, je vais répondre à une petite annonce  trouvée dans France Soir ou Le Figaro. Elle demandait « des jeunes passionnés par la photo pour préparer une exposition »… À 20 ans, on ne se méfie pas trop de ce que peuvent cacher les petites annonces…

Je vais me rendre à un entretien du côté de Châtelet. Un gars me reçoit, me pose deux ou trois questions, me demande si je suis doué de mes mains car c’est pour préparer une exposition. Dans ma tête, une expo ça commence d’abord par les photos, ensuite le développement, puis l’affichage dans une galerie.

Je n’aurais pas plus de détail mais uniquement l’adresse, quelque part vers Châtillon-Montrouge. Je m’y rends le lendemain matin pour 8H30. J’arrive devant une espèce d’usine. J’entre dans un petit local sur le côté et je m’adresse à une personne qui me demande si j’ai un bleu de travail ou une blouse… Gulp ! Je demande, naïf, « pour une exposition on a besoin d’un bleu de travail ? » Le gars me regarde par-dessus ses lunettes de presbyte et me dit en pointant la tête sur le côté me désignant une porte attenante à un atelier, « c’est par là, on va vous emmener. »

J’emboite le pas d’un gars près de la porte et il me fait entrer dans un atelier. Un atelier… enfin…  pas comme qui dirait un atelier d’artiste, non. Plutôt un atelier qui serait une menuiserie. Une grande menuiserie car il y a plus d’une dizaine d’établis, des scies circulaires à pendule pour découper des grandes longueurs de panneau de bois. Et plein de menuisiers en bleu de travail et en blouse…

Tu parles d’une préparation à une exposition ! On en était à découper les panneaux de contre-plaqué, de coller des morceaux ensemble et de planter des clous pour faire tenir des tissus tendus ! Il y avait une poussière de dingue et les copeaux, plus la sciure, m’ont fait souffrir le martyr. On était en plus en plein démarrage du printemps et avec mon rhume des foins, je suis sorti de là le soir avec des yeux aussi rouge que ceux d’un lapin de garenne !
Inutile de dire que l’expérience s’est arrêtée à l’issue de la première journée. Comme je les avais planté là, je n’ai même pas demandé à être payé et du coup, j’ai bossé une journée gratos !

Et c’est pas comme ça que j’allais pouvoir agrandir les capacités de mon micro-ordinateur…

…/…

Entre deux missions, je vais aussi passer pas mal de temps à parfaire ma technique de la gamelle ou des buts en bande de l’avant ou de l’arrière au… baby-foot ! C’est une époque où on était toujours entre deux boulots. On passait le matin à l’intérim voir s’il y avait une mission. Et quand il n’y en avait pas, c’est à dire assez souvent, on allait direct au troquet en bas de la maison pour jouer au flipper, au baby foot, boire des Monaco et des Orval.

Quand j’en avais marre de glander au café, j’essayais d’en apprendre plus sur mon micro-ordinateur. Et je commençais à avoir une bonne panoplie de programmes, soit issus de magazines, soit de mes propres créations. Et à force de remplir des lignes de code, je commençais à ressentir le besoin d’imprimer.

Il n’y avait pas grand chose de disponible comme imprimante pour le TRS-80. Enfin, à un niveau de prix abordable pour un chômeur en puissance. À force de regarder dans les revues, magazines et catalogues constructeurs, j’avais jeté mon dévolu sur une petite imprimante thermique (voir l’illustration de ce billet). C’était ce qu’il y avait de moins cher et son prix était l’équivalent d’un mois de mon salaire… quand j’en avais un.

En 1980, je n’ai pas encore mon permis de conduire. Et le seul magasin Tandy qui vendait du matériel pour le TRS-80 était rue des Pyrénées dans le 20ème arrondissement. Je vais faire suer mon meilleur pote, qui lui a son permis et la bagnole de Maman, pour qu’il m’emmène chez Tandy pour voir, toucher et essayer de trouver des choses à des prix abordables pour nourrir le TRS-80.

Comme j’ai pas une thune, et que j’aurais bien aimé m’acheter cette belle imprimante thermique, je vais monter des dossiers de crédit. Le vendeur, qui était le responsable de la boutique, a été très patient avec moi. Car sur les 3 ou 4 dossiers de crédit qu’on a monté ensemble, pas un seul n’a été accepté ! La dernière fois où il m’a rendu un dossier avec la signification d’un refus, il m’a regardé l’air penaud et m’a dit : « Je crois qu’on y arrivera pas. On essaiera encore dans quelques mois… »

À la limite c’est aussi bien que je n’ai pu acheter cette imprimante car les rouleaux de papier spécifiques à ce matériel coutaient la peau des yeux et je me serais ruiné en y imprimant des pages et des pages de listing pour y trouver des bugs en pagaille ce qui aurait demandé que je réimprime après corrections dans un cycle infernal. De plus, le papier se conservait très mal puisque sensible à la chaleur ; le soleil ou ou une source chauffante bousillait un rouleau en moins de deux.

Le principe de l’imprimante thermique était sympa — une tête faite de petites résistances chauffantes qui imprimaient sur un papier spécial sensible à la chaleur — mais pas pour imprimer des listings ou de longs textes. D’ailleurs, on trouvait surtout ces imprimantes dans les caisses enregistreuses de certains commerces qui en sortaient les tickets.

Pour une fois, le fait d’être fauché et de n’avoir crédit auprès de personne, m’avait empêché de faire un mauvais achat. Cela ne sera pas toujours le cas …

PapGeek !

Une réflexion sur « L’avenir ? Une question de crédit… »

  1. Pierre Metivier

    Beau début. Dommage que ce soit un TRaSh-80 🙂

    De mon coté, début1979, stage de fin d’année d’école d’ingénieur chez Procep, l’importateur de Commodore et donc d’abord un Kim-1 et puis un PET, Personal Electronic Transactor.

    Un fan du blog. On attend la suite !
    p

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